Manifeste

du Folk Art


Jacques Vandewattyne alias WATKYNE (1932-1999)

Le Folk Art n’est pas une technique, encore moins une recette, mais une attitude artistique fortement teintée de régionalisme. Il œuvre à la mise en valeur et à la transmission des traditions populaires et cela dans tous les domaines artistiques : peinture, sculpture, musique, chanson, théâtre…

Le Folk artiste puise son inspiration dans le bon peuple de chez nous. Il essaye de le décrire dans ses joies et ses peines, ses aspirations et ses craintes, mais surtout dans ses manifestations collectives et son environnement traditionnel.

L’artiste du Folk Art est un témoin privilégié qui sent mieux que les autres battre le cœur de sa région et de ses concitoyens. C’est un retour aux sources, aux choses simples de la vie.

Il est fier de son petit coin de patrie (de sa région natale), de son village, de son hameau, de son accent, de sa langue régionale. Il lutte contre l’uniformité de la vie moderne. Ce sera bien monotone le jour où tous les Belges, tous les Européens, tous les Terriens seront coulés dans le même moule !

Il faut modifier notre genre de vie, en ralentir le rythme, faire moins de concessions à la mécanique et démythifier la voiture, cette ogresse, qui est le symbole de notre société actuelle. Introduire plus de poésie dans la vie, voilà le rôle de l’artiste.

Nous sommes arrivés à un tournant. Pendant des siècles, on a vécu de la même façon. Les outils que l’on retrouve dans les fouilles des villas romaines sont quasi les mêmes que ceux utilisés par nos derniers artisans. Nous assistons à la disparition de tout un monde. L’artiste a un rôle à jouer. Il faut que ce monde nouveau reste à l’échelle humaine.

L’homme doit garder ses racines, savoir d’où il est. Mettre sa région en valeur, la faire connaître, en rendre ses concitoyens fiers, mais aussi disponibles pour en prendre la défense, participer au sauvetage des témoins du passé : voilà un beau champ d’action pour un artiste.

Aujourd’hui l’homme est souvent un étranger dans sa ville, même dans son village. Il faudrait redonner un sens à la vie communautaire. La non-cohabitation des générations empêche la transmission de la tradition orale. Il y a un travail urgent à fournir : recueillir les " fauves " ou récits de veillée, les chansons populaires, les coutumes…

Maintenant, qu’on ne se méprenne pas, bien loin de nous de prôner un retour en arrière, le passéisme ou un régionalisme exacerbé. Le passé doit seulement constituer un enseignement. Il faut vivre avec son temps, mais pas comme des moutons de Panurge. Il faut faire preuve d’esprit critique et d’un certain non-conformisme. Il ne faut pas tout accepter, mais au contraire, essayer d’imposer ses vues. Ne laissons pas aux apprentis sorciers le pouvoir de prendre toutes les décisions.

Jacques VANDEWATTYNE peintre du Folk Art