Conseil des arts
du Québec

(CAQ)

La Loi du droit d'auteur
(Canadienne)

La réflexion:
Artistes québécois et canadiens vs Droit d'auteur.
Point de vue:
Les artistes québécois connaissent mal la Loi sur le droit d'auteur.
Cette réflexion est de Jacques Rivest, directeur général de l'organisme.

Mise en garde: Monsieur Rivest n'étant pas avocat, ce texte n'a aucune valeur juridique ou légale. Les intéressés devront consulter leur avocat.

 
 

Voici l'article 3 de la Loi sur le droit d'auteur et les alinéas de cet article qui concernent les oeuvres artistiques:

3 - (1) Le droit d'auteur sur l'oeuvre comporte le droit exclusif de produire ou reproduire la totalité ou une partie importante de l'oeuvre, sous une forme matérielle quelconque, d'en exécuter ou d'en représenter (1) la totalité ou une partie importante en public (2) et, si l'oeuvre n'est pas publiée, d'en publier la totalité ou une partie importante; ce droit comporte, en outre, le droit exclusif :

  • a) de produire, reproduire, représenter ou publier une traduction de l'oeuvre;
  • b) (concerne les oeuvres dramatiques, non pertinent pour les oeuvres artistiques);
  • c) s'il s'agit d'un roman ou d'une autre oeuvre non dramatique, ou d'une oeuvre artistique, de transformer cette oeuvre en une oeuvre dramatique, par voie de représentation publique ou autrement;
  • d) (concerne les oeuvres littéraires, dramatiques, etc., non pertinent pour les oeuvres artistiques);
  • e) s'il s'agit d'une oeuvre littéraire, dramatique, musicale ou artistique, de reproduire, d'adapter et de présenter publiquement l'oeuvre en tant qu'oeuvre cinématographique;
  • f) de communiquer au public, par télécommunication, une oeuvre littéraire, dramatique, musicale ou artistique;
  • g) de présenter au public lors d'une exposition(3), à des fins autres que la vente ou la location, une oeuvre artistique -- autre qu'une carte géographique ou marine, un plan ou un graphique -- créée après le 7 juin 1988;

Est inclus dans la présente définition le droit exclusif d'autoriser ces actes.

Le dictionnaire Petit Robert définit le terme
(1)
représenter, en terme de la langue du droit, par: Exposer, mettre devant les yeux, montrer.
Et la locution adverbiale
(2) en public, par: à la vue, en présence d'un certain nombre de personnes (et «certain», par imprécis, difficile à fixer).
(3) Le Regroupement des artistes en arts visuels du Québec (R.A.A.V.), organisme accrédité par le gouvernement du Québec pour représenter les artistes en arts visuels, nous indique qu'une exposition, pour être déterminée comme telle au sens de la présente Loi, doit avoir lieu dans un endroit où il est habituellement présenté des oeuvres d'art.

La Loi du droit d'auteur au Canada est relativement jeune et, malheureusement, très souvent bafouée par de nombreux intervenants. Les artistes doivent se battre pour faire reconnaître un droit qui, à notre avis, est élémentaire, c-à-d, celui de l'auteur d'une oeuvre.

Par ailleurs, bien que la finalité de toute loi à pour but d'améliorer le sort de la collectivité et/ou d'un groupe en particulier, presque toutes les lois comportent des effets pervers qui limitent ce pourquoi elles sont mises en place. La Loi du droit d'auteur n'y échappe pas.

Il est facile de pointer les faiblesses d'une loi, il est plus difficile de trouver des solutions qui satisfassent tous les intéressés. Cette réflexion ou, en l'occurrence, le Conseil est justement mis en place pour essayer de trouver des solutions réalisables aux problèmes grandissants qui touchent les artistes-peintres québécois, tant au niveau de l'application de la Loi qu'au niveau des effets pervers de celle-ci..

Voici quatre résultantes négatives de cette Loi.

1 - L'entreprise et le droit d'auteur

Le droit d'auteur a un effet dissuasif auprès des entreprises quant à l'achat d'oeuvres d'art québécoises. A la lumière de la présente Loi, certaines entreprises nous ont informés qu'elles n'étaient plus intéressées à faire l'acquisition d'oeuvres d'artistes québécois afin de les accrocher, entre autre, dans leur grand hall d'entrée en raison des droits d'auteur à négocier annuellement ou éventuellement, à chaque fois que l'entreprise change de propriétaires.

Leur raisonnement étant qu'elles ont à placer les oeuvres dans leurs bureaux, soit à l'accueil, soit dans le hall d'entrée ou autrement et que le public avait accès à ces lieux. Par ailleurs, d'excellentes oeuvres d'artistes de l'Europe de l'Est étaient facilement disponibles sur le marché local et leur pays n'est pas signataire de la convention de Berne qui créa l'Unesco (et ses politiques, dont la protection du droit d'auteur)

2 - Le particulier et le droit d'auteur

Des particuliers nous téléphonent pour savoir si nous achetons des oeuvres et, le cas échéant, comment revendre une oeuvre d'art.

Pour qui n'est pas intervenant du marché de l'art, le marché secondaire de l'art (ou la revente) est très difficile, surtout pour les oeuvres d'artistes qui n'ont pas une notoriété étendue et, la plupart du temps, c'est le cas. Parmi les options possibles, notons:

Les ventes aux enchères dans les maisons d'encan - Nous ne préconisons pas ce mode car, si vous devez vendre à tout prix, les oeuvres iront chercher quelque 10% à 15% de leur valeur. Rare sont les oeuvres qui iront chercher 50%, à moins de mettre un prix planché. Plus rare sont les oeuvres qui iront chercher 100% et plus de leur valeur (réservés aux artistes internationaux). En bout de ligne et de notre point de vue, c'est la cote de l'artiste normal qui en souffre le plus.

Dans une galerie qui a le même genre d'oeuvres ou qui présente les oeuvres de l'artiste concerné.
Les galeries n'achèterons pas les oeuvres directement, surtout les oeuvres d'artistes dont il est question (90% à 95% des artistes). Tout au plus prendront-elles les oeuvres en consignation en promettant de verser 80% de la vente aux clients. Le «hic!» de l'histoire est que ces galeries présenteront les oeuvres qu'ils ont, soit en inventaire ou soit en consignation directement de l'artiste, avant la vôtre car leur coût de revient est de 50%. Vendre une oeuvre de cette façon peut prendre une éternité.

Il y a bien sûr, le don d'oeuvres d'art à un donataire reconnu, exemples: musées, archives nationales, gouvernements, etc. Ce mode n'est surtout pas pertinent pour le particulier qui veut vendre une oeuvre parce qu'il a besoin d'argent (ce paragraphe ne s'adresse pas à l'artiste NDLA).

Reste la démarche personnelle, c'est-à-dire: placer une annonce dans le journal (sans photographie de l'oeuvre, Cf la Loi). - Une récente jurisprudence nous indique que placer une annonce dans un journal équivaut à rendre public ce dont il est question. Un individu qui invite chez lui, à travers une annonce, des personnes pour voir l'oeuvre se met dans la position de celui qui représente une oeuvre en public. Nous informons donc les gens, qu'ils doivent payer le droit d'auteur à l'artiste et que, même en cherchant dans les répertoires que nous avons ou les listes d'artistes qui nous sont accessbiles, nous ne savons pas où retrouver la plupart des artistes (en 1991, il y avait plus de 7 500 artistes-peintres au Québec, Cf. L'artiste et son marché, sur ce site). Pour le commun des mortels, savoir où vit l'artiste Arnold St-Cyr, afin de lui payer son droit d'auteur, n'est pas évident. Encore moins évident de connaître les aléas bureaucratiques d'une licence délivrée par la Commision du droit d'auteur.

Certains organismes croiront qu'il est permis de reproduire l'image d'une oeuvre d'art dans le but de la vendre sans payer de droits d'auteur à l'artiste. Ce n'est pas là, la lecture que nous faisons du paragraphe 3 f) de la Loi ci-haut où il est nulle question de savoir si l'oeuvre est à vendre ou simplement présentée.

Par ailleurs, à chaque fois qu'un particulier se bute aux différents problèmes cités ci-haut, c'est, dans la grande majorité des cas, un amateur d'art, un collectionneur en devenir, que le milieu du marché de l'art perd à jamais.

Déjà, nous trouvons que trop peu de gens s'intéressent à l'achat d'oeuvres québécoises. Mettre de telles embûches aux personnes qui ont déjà acheté une ou plusieurs oeuvres d'art par le passé est, quant à nous, inacceptable dans la mesure que ce sont ces mêmes personnes qui seraient susceptibles de continuer à faire l'acquisition d'oeuvres d'art (4). Dans une société où la majorité des artistes vivent sous le seuil de pauvreté (Cf. L'artiste et son marché), chaque vente d'oeuvres d'art est importante et, dans le cas de cet exposé, plus payante que des droits d'auteur acquis de cette façon.
(4) La population consommatrice d'oeuvres d'art, d'artisants et de métiers d'art, Direction de la recherche, de l'évaluation et des statistiques, octobre 1994, et Le comportement des québécois en matière d'activités culturelles de loisir au temps 2, CROP in, juillet 1983.

3 - Production cinématographique et le droit d'auteur - Les grandes productions américaines qui tournent au Québec apportent avec eux, en raison des droits d'auteur, leurs oeuvres d'art plutôt que de prendre des oeuvres d'artistes québécois.

4 - Internet, l'artiste et le droit d'auteur - Les artistes connus, bien coté, sont présents sur Internet et aucun droit d'auteur n'est perçu car il s'agit de sites bâtis par l'entremise de galeries qui les représentent. Mais les artistes de la relève eux ?

Pour qui n'est pas en galerie ou dans certains musées du Québec et que, par comble de malheur, l'artiste n'a pas les moyens de payer quelqu'un pour construire et gérer son site Internet, les oeuvres de ce denier ne pourront pas être vues sur Internet... A moins que l'artiste fasse parti d'une association d'artistes qui, la majorité du temps, demande des frais d'adhésion. Cette organisation sera peut-être en mesure d'avoir un site Internet, souvent grâce à une subvention gouvernementale quelconque et présenter les oeuvres de l'artiste, sans pour autant lui payer de droits d'auteur. Dans ce cas, ironie du sort, c'est l'artiste qui, indirectement, par sa cotisation, paie pour être sur Internet.

En effet, parlons de droit d'auteur... «... Tandis que l'art moderne relevait d'une période économique définie par celle de l'ère industrielle, de son développement et de son aboutissement en société de consommation, l'art contemporain découle de l'accroissement des dispositifs de communication et d'une compétition internationale. ... Le message essentiel est désormais l'affirmation du réseau de communication et celle de la connexion du sujet.», Delphine Martin-Leguyader, tirée du texte de l'exposition: La vérité avec un grand «V», présentée à l'Artothèque de Montréal, du 10 novembre 2000 au 13 janvier 2001.

Voici deux exemples de présentation de fiches d'artistes québécois sur Internet dont nous ne possédons pas les droits d'auteur.
(Nos commentaires sont en italique et les résumés en abrégés)


Léon Bellefleur
Né au Québec
Formation
xyz
Expositions individuelles
(Plus de 100 sont énumérées. Cet artiste est reconnu et a plusieurs expositions à son actif, tant individuelles que collectives)

Oeuvre de l'artiste
Désolé. En raison de la Loi du droit d'auteur nous ne pouvons vous présenter une oeuvre de l'artiste sur cette page.

Exemples d'écriture plastique, vous vous rendez aux sites suivants:
Le Mont Bizarre no 32, 1956
Encre sur papier
31,0cm x 47,4 cm
(hébergement:
Donation Maurice Forget au
Musée d'art de Joliette)

La carrière d'un artiste connu ou reconnu, qui est en galerie ou au musée, continue à progresser via Internet car son travail est vu d'une façon ou d'une autre (= connexion au réseau).

 


Arnold St-Cyr
Né au Québec
Artiste autodidate

Expositions collectives
1995 Caisse populaire St-Mathias
1994 Centre éducatif Mont St-Grégoire
1993 Centre Culturel Vanier

Oeuvre de l'artiste
Désolé. En raison de la Loi du droit d'auteur nous ne pouvons vous présenter une oeuvre de l'artiste.

Si vous êtes intéressé par une oeuvre de cet artiste, svp, laissez-le nous savoir. Un jour, peut-être le retrouverons-nous. L'artiste a déménagé huit fois depuis 1995 et nous ne savons plus où le rejoindre.

Nous avons un millier d'artistes dans ce cas et aucun site ne parle d'eux.

Encore une fois, il s'agit ensemble de trouver des solutions, des alternatives réalisables: nous avons besoin de votre opinion, de vos idées et, peut-être, de votre expertise.

Auriez-vous des idées RÉALISABLES quant à:
A - Contribuer à mieux faire appliquer la Loi sur le droit d'auteur.
1 - Freiner les entreprises qui achetent les oeuvres des artistes dont les pays n'ont pas signé le traité de Berne.
2 - Le particulier et le droit d'auteur / La revente d'une oeuvre d'art
3 - Favoriser les oeuvres québécoises auprès des productions cinématographiques américaines.
4 - Permettre aux artistes de la relève d'être représenter sur Internet sans qu'il leur en coûte.

Au niveau d'Internet et des périodiques (faut-il encore vérifier l'information), je me suis laissé dire que les Français, avec un problème similaire, avaient trouvé la solution suivante:
Quand il n'y a aucune intention pécunière et, qu'il s'agit d'informer le public, il est permis de produire (présenter, afficher) une oeuvre d'un artiste en autant que le nom de l'artiste soit présent ainsi que le titre de l'oeuvre.

S'il-vous-plaît, si nous ne sommes pas en ligne avec le «Chat», laissez vos commentaires sur un des points développés à notre courriel: info@conseildesarts.org

Nous nous engageons à donner, sur ce site, un compte rendu des idées intéressantes qui nous parviendront avec, bien sûr et si la personne le désire, la source.