Patrick LONERGAN Oeuvres présentées
lors de l'événement Arches
des arts, 2007
Time to flirt
Lors de l'exposition, l'artiste présente également une installation intitulée Alors voilà concernant la prévention du VIH/SIDA et, lors du vernissage, Patrick Lonergan une allocution dont voici le texte. Alors voilà Si j'avais su dans quel monde j'arrivais, croyez-moi j'aurais tout fait pour rester dans le ventre de ma mère. Hélas, son corps en décide autrement, pour le meilleur ou pour le pire! C'est alors en 1983, dans la vieille Capitale que je vois le jour et que comme un chien, j'apprends à répondre au nom Patrick Lonergan. Très jeune on m'initie à la musique (le violon à 4 ans!!!) et c'est là que mes parents ont commis leur première erreur. Désolé papa, désolé maman, je ne deviendrai jamais docteur, avocat, ou même ministre des affaires publiques. Je sombre dans un univers imaginaire, la musique prenant en otage mon attention. Au secondaire, je suis plus que jamais dans la lune et cruellement désintéressé par le bourrage de crâne académique, qui selon mon cœur de rebelle, ne reflète pas la vraie vie. Pour éviter l'ennui, je me refuge dans le cinéma, où j'apprends les différentes manières de raconter des histoires. Pour moi ce n'était pas bien différent de la musique. Tout était en fait une question de rythme, d'énergie, de couleurs, de compositions et d'équilibre. Malgré ma passion pour la musique, j'ai vite compris que j'avais plus de facilité à m'exprimer visuellement que musicalement. Quelques années plus tard je me retrouve donc à Montréal avec un Baccalauréat en Études Cinématographiques de la Faculté des Beaux Arts de l'Université de Concordia avec lequel je n'ai encore rien fait. Vous vous demandez pourquoi? Voilà la réponse. Une chose très importante se produit lors de ma dernière année à Concordia : un cours d'université change littéralement ma vision du monde. Qui aurait crû, certainement pas moi! Je choisis de prendre un cours complémentaire sur le VIH/Sida. Étant ouvertement gai, je me suis senti curieux mais surtout concerné. Dans ce cours, on m'oblige à faire du bénévolat dans une résidence pour gens séropositifs. Mes peurs ont instantanément été mises à nue, mes préjugés bousculés et provoqués. Je rencontre des hommes, des femmes de tout âge, de toutes origines et classes sociales atteints par cette épidémie. Une semaine un résident est en pleine forme, la semaine suivante il est mourant. Je me suis donc dit : Patrick, tu dois faire quelque chose! Pour souligner la fin de l'année, les coordonateurs du cours nous ont donc demandé de monter une exposition d'art reliée à la cause du VIH. Voilà donc une belle opportunité de faire un film pour l'évènement. C'est précisément à ce moment-là que ma caméra décide de me laisser tomber. Tout d'un coup je viens de perdre mon œil artistique. Étudiant pauvre, je décide donc de faire les choses autrement. Je prends alors mon crayon et commence à dessiner les choses que j'aperçois autour de moi; des édifices qui s'envahissent les uns les autres, des visages tristes et déchus, des jeunes de la rues etc. La création du beau pour du beau, à ce point, me semble inutile. Je fais donc de la recherche sur l'art engagé. Je découvre des artistes comme Robert Crumb, Keith Haring, ainsi que l'art des années 80 directement en lutte contre l'inaction des gouvernements face à la crise du VIH/Sida. Je regarde de nombreuses affiches créées par plusieurs artistes et mon inspiration pour le tout de mon projet artistique est venue de ces œuvres. Je me suis dit : Voilà, je vais faire pour l'exposition six affiches à saveur engagée qui parleront des thématiques abordées lors du cours : VIH, prostitution, toxicomanie, absence d'éducation sexuelle etc. Résultat : sur les six œuvres que je présente à l'exposition SIC, trois sont vendues immédiatement. Le journal de l'université choisis une de mes œuvres pour publiciser l'évènement. J'ai à ce moment vite compris que l'affiche (ou le poster art) était le médium parfait pour exprimer ma vision du monde. L'affiche étant fréquemment utilisée par les médias et les grandes compagnies pour la vente de leurs produits, je me suis dit que par ironie, je pourrais utiliser l'affiche pour dénoncer le vide de notre société de consommation. J'observe donc autour de moi et j'étudie les panneaux publicitaires et leurs notions de graphisme (textes stratégiquement placés, couleurs vives et accrocheuses, thématiques hypersexués etc.) En associant ces notions avec mon style naïf, voir presque dessin pour enfants, j'arrive à explorer des thèmes adultes et tabou peu populaire auprès du publique. En 2006, je présente une quinzaine d'œuvres au Festival International Montréal en Arts, une célébration extérieure d'arts visuels. Je me souviens aujourd'hui d'un passant en particulier, qui en s'approchant de moi me dit : J'adore ce que tu fais, mais je t'avertis : Tu vas avoir beaucoup de misère à vendre ce que tu fais, car ton travail parle de quelque chose! Effectivement je n'ai fait que 2 ventes à cet évènement, mais les deux pièces vendues sont aujourd'hui dans le bureau d'une intervenante sociale travaillant en toxicomanie. Lors de la clôture du Festival, les membres du jury m'ont décerné une mention d'honneur pour l'ensemble de mes œuvres. Effectivement, mon travail parle de quelque chose, et à bien y penser, c'est ma plus grande fierté.
Texte de Patrick Lonergan
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