Peintre et sculpteur
Né en 1959 à Cotonou au Bénin
Expositions individuelles
2005 A sens ion, Artothèque de Montréal
2004 Heidi Hollinger Studio, Montréal
2003-04 Studio Line, Boulogne, Paris
1998 Hôtel de Région, Ile de la Réunion
. Galerie Jocelyn Calogine, Ile de la Réunion
1996 Musée de la Réunion
1995 Saint-Denis, Ile de la Réunion
. Association Boudhistes Laïques, Kobé, Japon
1994 Croix Rouge Française à St-Denis, Réunion
Expositions collectives
2007 De l'art à la censure, Musée Juste
pour rire, Montréal
2004 Salon Figuration Critique, Espace St.-Martin,
Paris
. Artothèque du Département, Ile de la Réunion
. Artothèque de Montréal
. Galleria Accademia, Turin, Italie
. Arte Padova, Padoue, Italie
. La Città Nascosta, Ivrea, Italie
2003-04 Salon d'Automne, Paris
2003 Palaxa, St. Denis, Ile de la Réunion
. Biennale de Dante, Ravenne, Italie
. AIAM, XXVI Trophé Medusa Aurea, Rome, Italie
. Mairie de St. Denis (avec l'U.D.A.R.), Ile de la Réunion
. 5ème Art International, Zurich, Suisse
. XV Aigle de Nice, St. Jean Cap Ferrat, France
2002 19ème Concours du Cercle des Artistes du Québec
. Salon d'Automne International des Beaux-Arts de Montréal
. Château des Ducs de Duras, Lot & Garonne, France
2001 Salon d'Automne International des Beaux-Arts de
Montréal
2000 Salon de l'Outre-Mer, Paris Salon d'Automne des
Beaux-Arts, Montréal
. Salon du Monde de la Culture et des Arts, Marseille
1998 Musée-Atelier ADZAK, Paris
. 10e Salon de l'Outre-Mer, Paris
. Salon des Artistes Français, Paris
1997 Forum des Halles, Paris
. 9e Salon de l'Outre-Mer, Paris
1996 8e Salon de l'Outre-Mer, Paris
. 4e Salon des Peintres Rillard, Rilleux la Pape
1994 Artothèque, Galerie du Département, Ile de la Réunion
MICHEL GAUTIER, sculpteur & peintre
du Bénin à la Réunion et au Québec, via Paris.
J'ai rencontré en avril Michel
Gautier, de passage à Paris, grâce à notre ami commun le poète
& scientifique québécois Claude Hamelin. Après 13 ans de séjour
très créatif, il quittait la Réunion pour aller s'installer
avec femme & enfants aux Québec. Cet artiste qui expose à Paris(galerie
& salons), Rome, Montréal, Kobé, Genève & une récente rétrospective
en l'Hôtel de Région à Saint Denis de la Réunion (en compagnie
du polynésien Bill Fehoko), est né voici quarante cinq ans à
Cotonou, capitale du Bénin, ex Dahomey, d'une famille de coloniaux
métropolitains. Son œuvre de sculpteur s'inscrit dans u courant
figuratif expressionniste marqué par le surréalisme & l'art
africain. Outre les pierres, des bois, des métaux, des coraux,
des bronzes, il a aussi crée un triptyque comme Éléments (140x38x38
cm.), de nombreuses peintures murales .
Après une longue conversation,
on a consulté les catalogues, le dossier de presse et le CD-ROM
où se trouve résumée l'œuvre. Les images sont accompagnées de
textes; l'un du critique napolitain Antonio Malmo(2000), deux
de l'essayiste réunionnais Malo Griès (1998 & 2003), un de Fabienne
Jonca (1995), etc. Gautier exprime la dualité Yin-Yang, les
quatre éléments, la chute et l'envol, l'écrasement social et
le surmontement, la résilience. Exposant de la " figuration
Critique ", il fait des visages et des corps de femme qui ont
tout de la taille directe classique (comme ses bustes de personnalités),
avec en plus quelque correction expressionniste, quelque fragment
d'hypnose surréaliste, avec souvent des influences de la créolité,
de l'africanisme & un certain rappel des sutras de Gautama,
le vrai bouddhisme du Theravada, voire du Dao De Jing de Laozi.
Ce qui n'exclut pas des allusions aux mythes chrétiens. Amoureux
de la vie, de la terre, sa philosophie est un syncrétisme, une
globalité où domine l'espoir et la puissance de l'homme, exalté
par des valeurs totémiques primitives qu'il assure dans le mélange
de matières et des symboles, dont un exemplaire est cette main
de pierre classique dont l'index est surmonté d'un axe métallique
supportant une rouge sphère, planète & pomme. Cela n'est pas
sans évoqué quelque peu Magritte.
UNE POÉTIQUE DES ÉLÉMENTS NATURELS
& DES FORCES DE VIE
Gautier est dans la vie, exalte
la vie, s'interroge sur la vie, la montre triomphant de tous
les aléas, usant de toutes les métonymies formelles pour en
explorer la diversité selon les leçons qu'il en a connu e Afrique,
en Europe, en Asie, en Amérique. Si l'apparence matérielle diverge,
l'esprit demeure identique en profondeur. Partout on rêve d'un
ailleurs d'épanouissement de liberté où toutes les forces vitales
des individus comme des peuples puissent s'épanouir à la fois
dans la puissance, le bonheur & la fantaisie. C'est cette globalité
que son œuvre exprime. L'arborescence physique & culturel à
partir des données élémentales, c'est ce qu'il veut nous faire
entendre d'une manière à peu près bachelardienne. Il choisit
pour cela-sauf dans le lyrisme des peintures-de s'exprimer dans
une forme par-classique de type baroque, avec un équilibre marqué
entre la raison et le sentiment. L'expressivité est d'ordre
poétique, issue d'une cohésion avec la nature qui nous entoure
et les aspirations des humains, homme et femme unis, désunis,
réunis, non sans bestiaire proche, dans l'immensité de la matière
universelle des galaxies, où l'énergie omniprésente assure la
perpétuation du mouvement interne et externe.
Rien de mieux pour faire entendre
la variété et la force de sa gamme thématique que de citer tous
simplement les titres des 36 œuvres qui figurent sur son CD-ROM,
catalogue valant mieux qu'un long discours quand on n'a pas
eu le plaisir manuel de suivre les lignes de la ronde bosse
: " Incarné ", " Mater dolorosa ", " Fragments ", " Éclats ",
" L'Air ", " De l'apparente supériorité… ", " L'Envol ", " Duel
& Duo ", " L'Amazone ", " Ève s'éveillant ", " Poussière d'étoile
", " La vague ", " Ève endormie ", " Yin dans Yang ", " Yin
fils de Yang ", " Yin contre Yang ", " Entre Yin & Yang ", (
ici un peu de géométrie spatiale), " La Terre ", " L'Eau " ,
" la Quintessence ", " Le Feu ", " Mme. La lune ", " l'Astre
", " Juste avant l'Envol ", " Et après? ", " Eloïm… "(la référence
aux mythes est rare), " Deuxième Naissance ", " De la difficulté
de s'élever ", " La nature en otage ",(l'Afrique & l'Asie lui
ont appris à prendre parti pour la défense de l'écosystème),
" Rêve… "(il marque la distance entre réel & surréel), " Diva
", " Assise ", " Masquée ", " L'arbre de vie " ( pièce reproduite
page 1 de ce n.), " Porteuse d'avenir ", " Élémentaire ", "
Bustes ". On sent que ce créateur tire une leçon d'optimisme
de toutes les raisons d'être pessimiste, d'où l'authentique
sensibilité de son art où la création est le surmontement de
tous les impedimenta de quotidien. Son talent a largement été
reconnu : en 1993, médaille d'argent de la Ville de Paris, en
2002, médaille d'or du Salon des Beaux Arts de Montréal & 1er.
Trophée de sculpture du cercle des artistes du Québec, en 2003,
médaille de bronze de la 26ème. Medusa Aurea de Rome. On attend
plus, après les salons ( Automne, Figuration Critique, Biennale
de Ravenne, Art International à Zurich) qu'une grande exposition
personnelle à Paris, dans une galerie, voire un musée, pour
reparler de son œuvre.
Jean Cathelin,
mai 2004.
Texte paru dans "L'IRIS ESPACE",
bimestriel par abonnement, 15ème. année, n°80, p.10
Michel Gautier avoue
être né une deuxième fois lorsque, en 1991, il transplante sa
vie et ses pinceaux dans les hauts de Saint-Leu. On ne dira
jamais assez le travail des Eléments dans l'alchimie particulière
qu'est une vie. Celle d'un homme, d'un animal, d'un arbre ou
d'un pays. Ici, à la Réunion, ces quatres forces élémentaires
se passent de symboles: elles sont concrètes, présentes, quotidiennes.
Soleil! Vent! Qui menace parfois cyclone. Océan! Des lagons
ou des houles plus fortes, des pêcheurs, des marins, des premiers
venus... Terre! Terre! Qui se gagne et se couve... Et le feu,
à nouveau, qui bat sous nos pas le rappel des origines... Le
cycle perpétuel de la vie était bien là, qui à séduit Michel
Gautier.
Au cours de ses premières années
à la Réunion, le peintre s'enracine: il pose sur sa toile les
gens qu'il croise. Gens simples des Hauts dont il craquèle parfois
la peau des fougères, ou de simples feuilles qu'il ramasse,
elles aussi, sur les chemins de l'île. Cicatrices végétales...
Déjà, il creuse, sous la peau, l'image des hommes...
Dès ses premières expositions,
La Réunion se reconnait... dans ses visages, dans ces portraits,
semés aux quatre coins de l'île. Ils sont miroirs. Puis, il
franchit le pas. Il lui fallait bien traverser ces miroirs pour
continuer sa quête. Il remonte aux origines, aux volcans, aux
étoiles. En chemin, il se déleste de ses couleurs, crêve la
peau de la toile pour s'immiscer dans le bois et la pierre.
Pour prendre du volume. Là, il a revécu tous les processus d'éclosion,
d'ouverture à la vie, qui nous déplient et nous étirent sans
cesse. Il à suivi cette tectonique de notre évolution (propre
à l'espèce ainsi qu'à chacun des individus la constituant) Et
l'on se doute qu'il a puisé dans sa propre expérience ce que
ses modèles habituels ne pouvaient lui donner. C'est l'autoportrait
de ce cycle qu'il nous montre aujourd'hui, s'exposant enfin
lui-même. Un peu plus nu. Un peu plus cru. C'est à une séance
d'échographie qu'il nous invite et, pour comprendre sa démarche,
il nous faudra moins réfléchir que nous mettre en résonance.
Il est aujourd'hui à une maturité
d'artiste, à un âge d'homme (et nous tous, de civilisation)
où le besoin se fait urgent de découvrir un sens au chemin parcouru.
Michel Gautier a commencé par le
Présent, l'Ici et Maintenant. Poursuivi par l'Hier, l'Originel.
S'il pousse un peu plus loin, il devrait bientôt aborder l'incertain
territoire du Demain. Celui de son histoire personnelle et de
sa démarche artistique mais aussi notre Demain collectif qui
serait bien inspiré de s'attarder un peu aux côtés des artistes
plutôt que de suivre aveuglément sciences et techniques qui
foncent tête baissée.
(D'après un texte
de l'artiste, 2000)